Les cauchemars de David Lynch sont en noir et blanc



David Lynch est un artiste multi task qui forge son mythe à travers les siècles (le 20e et le 21e tout de même). Films, peintures, photos ou musique, l’imaginaire lynchien nous embarque toujours dans un même processus intellectuel.
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Au premier abord, la frustration. La frustration de ne pas tout saisir. Où veut-il en venir ? D’où sortent ces personnages étranges et que cherchent-ils ? Une identité, une reconnaissance, une conscience ?
Puis vient le moment où l’on réalise que c’est exactement ce qu’on aime chez notre bon vieux Lynch. N’y rien comprendre. Alors on se laisse porter par son imaginaire qui devient le nôtre, on s’invente une histoire qui n’est peut-être pas celle qu’il avait imaginée. On se laisse bercer par son univers mêlant insectes, figurines, paysages et personnages difformes.
Elephant Man ou l’homme sans visage figurant sur ses photos semblent tous deux chercher leur identité à travers une souffrance physique. Les figurines posées sur les paysages sont comme des parasites qui viennent perturber le quotidien ; une tâche réaliste mais disproportionnée dans un espace familier.
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Et même lorsqu’il sort du noir et blanc qui semble presque une facilité pour entretenir la part de mystère, Lynch continue à nous surprendre. Dans Mulholland Drive par exemple, il réussit encore à nous perdre totalement. Seulement cette fois il n’utilisera pas l’anormalité physique (mis à part ce clochard dont j’ignore encore le rôle). Les personnages n’ont rien d’étrange, les décors non plus, et l’histoire pourrait être celle de n’importe quel autre film hollywoodien. Sauf qu’il réussit à tout faire basculer en un twist qui cassera la chronologie entière et remettra l’ensemble du film en question. Encore une histoire de songe…
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De toute façon, il nous prouve facilement qu’il n’a pas forcément besoin d’images pour véhiculer cette sensation de malaise perpétuel. Il suffit d’appréhender le Lynch musicien, notamment avec "I know", pour comprendre que le malaise langoureux est une qualité intrinsèque dont il ne se sépare jamais.
Ou presque, puisqu’une des seules exceptions reste celle du film "The Straight story" qui est une sorte de respiration sereine au milieu d’une nuit tourmentée. Sortant de son univers habituel, Lynch nous offre une ballade saine et compréhensible. A moins qu’un sens caché y soit camouflé ?
Quoi qu’il en soit, toutes ces oeuvres sont le résultat d’un inconscient tourmenté que chacun interprète à sa manière. Est-ce le reflet de l’inconscient de Lynch ou de celui du spectateur ?
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La superposition des plans, technique récurrente de l’artiste, crée un contraste entre le réel et l’imaginaire tout en les liant. Les deux objets forment une harmonie disgracieuse qui efface la limite entre le concret et l’abstrait. Chaque image est comme une hallucination, à la fois tangible et improbable. Inutile d’essayer de les décrypter, la logique disparaîtra. Comme lorsque vous essayez de raconter un rêve.
L’Oeuvre de Lynch est un mystère ambulant passant des grands écrans aux galeries en gardant la même poésie inquiétante. De sa dernière expo photo "Small Stories" à Elephant Man en passant par son clip pour Nine Inch Nails, ils résonnent tous entre eux comme un cauchemar récurrent en noir et blanc.
Alors la prochaine fois que vous vous réveillez d’un songe onirique et insolite, faites-en une oeuvre, sait on jamais…

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